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Infertilité d'été : la chaleur n’est pas l’unique facteur de risque
L’infertilité d’été des truies est un phénomène récurrent en France. D’après une
étude conduite par Gènes Diffusion et le laboratoire Ceva Santé animale, à l’exception
de 2003, il n’est pas mis en évidence d’influence significative des températures
ambiantes. La chaleur ne serait qu’un facteur aggravant.
De l’Australie à la Finlande, l’infertilité d’été des truies est décrite dans de
nombreux bassins de production porcine. Mais son origine reste discutée. Une température
ambiante élevée, un état catabolique en lactation, la photopériode… sont autant
de facteurs mis en avant. A l’échelle de l’élevage, l’importance de la conduite
et la maîtrise de la reproduction sont également mis en évidence. En France, tous
les élevages ne semblent pas touchés de la même manière. D’une année sur l’autre,
il semble exister des variations dont l’origine est parfois liée à la météorologie.
Une étude conduite sur 5 ans
Dans ce contexte, une étude conduite par Gènes Diffusion
et le laboratoire Ceva Santé animale a eu pour objectif de décrire et quantifier
l’infertilité d’été, évaluée à l’échographie, en France sur une période de cinq
années consécutives (2003 à 2007), mais aussi d’étudier l’importance des jours chauds
et de déterminer les semaines les plus à risque.
Pour ce faire, les résultats de cinq années de contrôles de gestation par échographie
ont été analysés. Les échographies ont été réalisées par Gènes Diffusion dans 266
élevages hors sol répartis dans quatre zones de l'ouest et du nord de la France
(Est Bretagne, Finistère, Nord-Picardie et Sud Loire). Au final, ce sont les données
de plus de 22 000 bandes, soit plus de 600 000 truies qui ont été intégrées.
Une réalité dans les 4 régions étudiées
L’étude démontre, dans un premier temps, que le taux de fertilité des truies diminue
systématiquement chaque été, quelles que soient les conditions climatiques. Pour
les bandes saillies entre la fin juillet et début septembre, le taux moyen des truies
pleines sur les cinq années est descendu à moins de 81% alors que la moyenne annuelle
est de 85%. Si le minimum de fertilité est observé sur les bandes saillies de fin
juillet à début septembre, l’optimum de fertilité est constaté sur les bandes saillies
de mars à avril.
Autre constat, ce phénomène se produit pratiquement dans les mêmes proportions pour
les quatre régions, pourtant très différentes d’un point de vue météorologique.
En moyenne, l’écart de fertilité entre les bandes d’hiver et celles d’été est de
5 à 6%.
Par ailleurs, la baisse de fertilité en été affecte tous les élevages. Même les
élevages à fertilité excellente ne sont pas épargnés par une baisse de fertilité
d’été. « Toutefois la variabilité du phénomène est plus importante dans les élevages
à plus faible fertilité », note l’équipe de chercheurs.
Une infertilité d’été plus importante en 2003
Dans
les quatre régions, l’étude démontre, en outre, que ce sont les années 2003 et 2007
qui comptabilisent respectivement le plus et le moins de jours chauds. L’infertilité
d’été est plus importante en 2003 pouvant, ainsi, être reliée à l’épisode de canicule.
En 2003, les bandes les plus affectées sont celles des truies inséminées après la
canicule. En revanche, il ne semble pas y avoir d’impact sur les bandes saillies
la semaine de la canicule ou les semaines précédentes. « Ceci laisse envisager un
effet de la chaleur estivale plus important sur le métabolisme de la truie allaitante
et la reprise du cycle ovarien que sur la réussite de la fécondation et la mortalité
embryonnaire », commente l ‘équipe.
Reste que la chute de fertilité des truies en été se produit même si les températures
estivales ne sont pas élevées. C’est notamment le cas pour l’été 2007. Il a été
particulièrement frais, mais la fertilité d’été n’a pas été significativement meilleure
que lors des années « normales ».
En conclusion, hors des épisodes exceptionnels de canicule, on ne peut, d’après
l’étude, attribuer l’infertilité d’été à la seule chaleur estivale. Les autres pistes
à explorer ne manquent pas. Si le rôle prépondérant de la photopériode est une hypothèse
à considérer, d’autres facteurs peuvent également influencer ce phénomène. « Dans
cette étude, il n’est pas possible de différencier les effets intrinsèques de la
chaleur et de la durée du jour de ceux d’autres facteurs liés aussi à la saison
et à la météorologie tels que la disponibilité et la qualité de la main d’œuvre,
le renouvellement des soies des truies, la qualité des céréales…», énumèrent
les spécialistes en charge de l’étude.
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